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A Montreuil, le blues de la rue piétonne déteint sur les commerçants

Diversité : voilà le mot qui vient tout de suite à l’esprit en empruntant la rue piétonne à deux pas du centre ville de Montreuil.

On trouve de tout dans la rue du Capitaine Dreyfus, des restaurants, coiffeurs, bazars en tout genre, boutiques bio, fleuristes, boucheries. On voyage aussi. Une boutique africaine côtoit des restaurants asiatiques, une onglerie indienne, un bazar pakistanais… Des ambiances très différentes les unes des autres.

C’est un passage très bien situé entre le centre ville et la Croix de Chavaux. A priori, les commerçants n’ont pas de souci à se faire. Qui dit passage fréquenté, dit bon chiffres d’affaires. Apparemment ce n’est pas aussi simple.

D’après Monsieur Lee un commerçant asiatique de fruits et légumes, les affaires sont loin d’être bonnes. Pourtant, le magasin de Mr Lee est bien achalandé. Il est implanté sur la rue piétonne depuis 27 ans. Mais depuis quelques années les choses ont bien changé dit-il en hochant la tête. Il n’y a pas de nom sur la devanture. Le commerçant explique confus que le nom c’est effacé par l’usure du temps… Au bonheur du quartier, c’est le nom de son commerce. Et le bonheur s’est effacé en même temps que les clients. Mr Lee explique que depuis quelques années le commerce décline, les clients se font rares et ceux qui viennent achètent moins. La rue piétonne n’est plus ce qu’elle était. C’est la crise dit-il d’un air fataliste, les gens ont moins d’argent.

Un peu plus haut sur la rue en face se trouve la boutique d’Ahmadou.

Une boutique africaine où se mélangent pêle-mêle les objets artisanaux, produits de beauté, plantes médicinales, vêtements… Des produits importés directement du Mali, de la Cote d’Ivoire et du Sénégal. Une véritable caverne d’Ali Baba. On est étonné par la quantité de produits de beauté : des lotions et des crèmes éclaircissantes, Crème de coco, crème de Karité… les classiques de la beauté africaine. Mais aussi d’autres produits, beaucoup moins connus comme des lotions éclaircissantes aux trois carottes…

Beaucoup de plantes médicinales utilisée dans la médecine traditionnelle africaine aussi. Au milieu des sacs de pain de singe, le fruit du baobab, du mil, on trouve, du kenkiliba, Ahmadou explique que c’est des feuilles d’arbustes des savanes. On l’utilise en décoction, cette plante a des propriétés anti-inflammatoire et antimicrobienne. C’est aussi bon pour le foi ajoute-t-il.

Ahmadou est installé depuis 2013. Il est confiant, il faut laisser le temps au commerce de s’installer dit-il avec un sourire. . S’il n’est pas aussi pessimiste que Mr Lee, c’est que la boutique africaine est la seule du quartier, il n’a pas de concurrence.

Un enfant rentre et vient serrer la main du commerçant. Ahmadou exhibe un large sourire. Il explique que tous les enfants du quartier viennent toujours le saluer. Il glisse une petite pièce dans la main du garçon ravi qui s’éclipse aussi vite. Le commerçant est déjà installé dans la vie du quartier.

Plus haut en allant vers la croix de Chavaux, il y a le magasin de chaussure de Anees, un jeune homme d’origine pakistanaise, Mephisto and co. Anees est muet mais cela ne l’empêche pas d’être un commerçant très communiquant. Sa famille est sur la rue piétonne depuis 21 ans. Ils avaient commencé par acheter un petit bazar, puis petit à petit, ils ont acquis plusieurs commerces. Son frère gère le magasin de meuble en face. Des meubles venus de Turquie, son magasin est comme une sorte de trait d’union entre l’orient et l’Occident.

Anees est aussi pessimiste que Mr Lee. Son chiffre d’affaire est tombé en flèche ces dernières années. Son chiffre d’affaire autrefois planant autour de 20 000 € mensuel est tombé à 6000 € au meilleur du mois, et sur cette somme il faut retirer les charges, les impôts... Si cela continue il faudra mettre la main à la poche. Son affaire n’est plus rentable. Il n’y a plus de clients.

A ce moment là, comme pour lui donner raison, une grosse averse tombe et emporte les rares clients qui passaient devant la devanture. Le magasin est vide. Anees regarde ses milliers de chaussures qui ne trouveront pas de pieds pour les emporter aujourd’hui. Malgré tout Anees a le sourire. Il met la main sur son cœur, il est toujours optimiste. Si les affaires ne marchent pas ici, tant pis, il tentera sa chance ailleurs. C’est la vie écrit-il sur un papier avec un sourire.

Tag(s) : #Articles
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