La Chute

Si je te raconte ce qui m'est arrivé hier soir ... Tu vois, là, je crois encore que j'ai rêvé ! Non ! j'ai pas vu IBRA !, y a pas que le foot dans ma life ! Mais j'ai vu la chute d'une comète, la profonde chute ...

Qu’est ce que je raconte ?

SNAKE ? Tu connais ?

Oui, LE BOSS avec qui j'ose même pas croiser le regard. Je t'ai raconté l'épisode du racket : il aime pas les gars comme moi.

Oui ce Snake : qui dresse sa tête comme un cobra au dessus des rats. Ce Snake qui se prend pour le Raïs de la cité.

Tous les jours en revenant de la fac, je flippe de le trouver devant le hall du 10 ; lui et ses sbires …

Alors je rase les murs. Je baisse la tête pour pas me faire remarquer. et puis hier soir ... le Snake ... il s'est enterré vivant dans sa merde !

Tu comprends rien à ce que je raconte ?

Hier, samedi soir, je sortais du Sphinx avec des potes ; on a assisté à une bagarre sur le parking.

Sur ce, les keufs débarquent : ils attrapent vite fait trois, quatre gars, dont ton poto. Alors que j'avais rien à voir dans l'affaire !

Au bout de dix minutes, le panier s'arrête d'un coup : Ils ont encore pêcho quatre gars.

Et qui je vois ? Snake !!! Je baisse les yeux.

Au bout de deux minutes, ça commençait à sentir grave : comme si le Géant VERT s’était lâché d'un coup : une puanteur de ouf !

J'ai eu trop la honte mec !!! Pas pour moi ! Pour lui !!!

Eh oui mon poto, la honte de ma vie je l'ai éprouvé pour ce mec que j'avais peur de croiser dans la rue !

SNAKE, le TERRIBLE SNAKE ! tu sais ce qu'il a fait ? Il a chié dans son froc ! Comment on l'a su ?

Parce que ça schlinguait grave dans le panier!!! Ca puait ! Les keufs nous ont tous fait sortir un à un. Ils ont vérifié : ils ont vu que les sphincters du reptile avaient lâché ...

Le mec, tellement il était pressé de refiler sa came, qu'il n'a pas eu le temps de se soulager avant ...

Du coup, quand les flics ont débarqué il a du avoir tellement peur qu'il s'est complètement relâché, Hachek !

La TEHON !

Si je le croise encore ce gars, si j'ose plus le regarder dans les yeux cette fois, ce sera pas par crainte, mais par honte, pour lui.

Déjà, je sais même pas comment il peut encore respirer et se présenter devant la race humaine après ça ...

Une ordure incarnée !!! Une couche géante, puante, qu'ont veut jeter à tout prix hors du panier, hors du monde des hommes !!! Voilà ce qu'il était hier soir le snake…

J'ai vraiment été choqué !

Qu’est ce que j'aurais fait à sa place ? Tu veux savoir ?

Non, je ne me serais pas exilé en Laponie. Ca voudrait dire que je mériterais encore de vivre ...

Non, je me serais enterré vivant dans un trou de sable, sur la plage ... Et j'aurais laissé la marée m'envahir ... l'eau salée pénétrer par tous mes pores ; par tous mes orifices ...

Pour me purifier, me nettoyer ...

La mer, ça désinfecte, tu sais.

Et là, je serais parti, en paix. PROPRE.

Toute ma pourriture broyée par le sable et l'eau ...

Et mes os remonteraient un jour à la surface ; blancs ; lumineux ; comme lavés à l'eau de Javel ...

Là, je serais redevenu un homme à mes propres yeux.

Quoi ? Dans six mois tout le monde aura oublié qu'il avait chié dans son froc ?

Les autres, peut-être ... Mais pas moi.